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Photo du rédacteurMiguel González Graniel

Essai - El Llano en Llamas


Esayo El Llano en Llamas

La littérature latino-américaine, avec l’éclat resplendissant du réalisme magique, a orné les terres de notre continent d’un éclat presque mythique. C’est peut-être dans ses pages que les verts rayonnent d’exubérance, que les rouges deviennent séducteurs et que les blancs sont capables de pardonner tous les péchés. J’aime penser que le réalisme magique est comme une pitaya dans notre corbeille de fruits littéraires.


Cependant, le Mexique, avec son immensité et ses contradictions, abrite aussi des paysages plus arides, où la quiétude devient une condamnation et où la poudre à canon alourdit un air déjà chargé. Dans ce décor austère, Juan Rulfo nous offre El Llano en llamas, une œuvre qui nous confronte à une réalité crue, dépourvue d’illusions.


Revisité en 2025, El Llano en llamas reste un livre qui expose la plaie jamais refermée de notre pays. Publié en 1953, dans un Mexique désillusionné par la révolution et divisé par la guerre des Cristeros, ce recueil reflète un moment de profonde désespérance. Tandis que le reste du monde ramassait encore les débris et pansait les blessures de la Seconde Guerre mondiale, le Mexique décrit par Juan Rulfo demeurait couvert de la poussière d’un désert incommensurable, attendant, sans espoir, quelques gouttes de pluie.


Dans El Llano en llamas, Juan Rulfo rassemble 17 nouvelles qui transpercent la chair de tout lecteur, laissant des éclats profondément ancrés dans ceux d’entre nous qui partagent des racines mexicaines.


Le thème central, à mes yeux, repose sur la lourdeur de la résignation. Les choses sont telles qu’elles sont, car elles ont toujours été ainsi, et elles resteront inchangées demain.


Dans ces récits, la résignation peut prendre la forme d’un avenir brisé par la distribution de terres infertiles, de discours creux et pompeux de gouverneurs ivres, des tâches quotidiennes d’enfants souffrant de troubles mentaux ou encore de la mort qui réduit au silence les aboiements des chiens.


Qu’importe si les narrateurs entretiennent un soupçon d’espoir dans leur cœur. Les terres du Llano en llamas sont impitoyablement équitables dans leur cruauté envers leurs habitants.


Dans un tel paysage, les convictions morales, au-delà de la religiosité, deviennent un luxe irresponsable. Chacun peut être victime ou bourreau. Un jour, on peut devenir orphelin, et des années plus tard, dicter la sentence de l’assassin de son père.


Ce livre cartographie une part du code génétique mexicain qu’il est difficile d’accepter mais impossible d’ignorer. La maîtrise de la prose, à la fois tendre et enrageante, vénère la mort sans lui ériger d’autels.


Pour tous ceux qui aiment ce pays, lisez El Llano en llamas. Il n’y a pas de meilleure façon d’empathiser avec un Mexicain que par la douleur narrée et diluée dans un verre de pulque.

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